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MORING

CE QUE NOUS ENSEIGNONS

CULTURE 

LE MORING, Héritage de notre Histoire

Lanbians le ron (1)
« Zène zan la pi kapab ! Zène zan la pi kabap ! Zène zan la fimé ! », crie le combattant qui entre dans le ron. Un cercle de trois mètres de diamètre environ a été tracé au sol. Autour, la foule s’amasse : spectateurs, supporteurs, parieurs, et d’autres combattants. Ces derniers sont presque tous torse et pieds nus, et portent un simple morès(pantalon de toile). La foule encourage chaque combattant et sollicite les adversaires potentiels… Elle s’impatiente. Dans le cercle, le moringèr continue à crier, à inviter un adversaire à le rejoindre et l’affronter. Il danse, bombe le torse, cherchant à provoquer et à impressionner. Il court en suivant les limites du cercle. En bordure du ron, un « arbitre » bat un fèr blan (fer blanc) de ses baguettes. Il donne le ton et le rythme, et ainsi organise le match. Le moringèr change de refrain. Philippe Bourjon, ancien pratiquant de boxe française, raconte :
« Zoizo ti dans mon fason, Zoizo ti dans mon manièr, Zoizo montr a moin ton fason, lé, lé, Zoizo montr a moin ton pié ». Après avoir ainsi agacé ses rivaux, le combattant [annonçait] son âge, ou les âges d’hommes qu’il acceptait de combattre « Zène zan diz nèv an, zène zan vint an ».
Selon les régions, il semble que la chansonnette ait été facultative, au contraire du rituel constant de l’annonce des âges. Aucune catégorie de poids n’entrait en ligne de compte : c’était à la sagacité ou à la témérité de chacun d’évaluer ses chances en fonction du gabarit du ou des adversaires potentiels ; nul n’était contraint à combattre, sauf à perdre face devant les sollicitations du public. [Philippe Bourjon]
Alors que la tension monte, entre un combattant encouragé par ce public. Il suit la course de son adversaire à l’intérieur du cercle. Les baguettes frappent toujours le fèr blan. Et le rythme se casse d’un coup : la course s’interrompt, et l’homme de devant se retourne, sans crier gare, lançant un puissant coup de pied. L’autre recule pour esquiver la frappe. Le rythme est maintenant plus vif, plus prenant. Les coups tombent et s’enchaînent pendant quelques minutes, avant que l’ « arbitre » ne calme le jeu ; le rythme retombe. Les deux hommes cessent momentanément de combattre, et reprennent la course, l’un précédant toujours l’autre. Le combat n’est pas terminé. Il se conclut par la chute de l’un des combattants, ou parce que, trop épuisé, l’un des deux déclare forfait. S’il ne se retire pas de lui-même du ron, la foule est autorisée à le faire.
Les coups ne se portent qu’avec les pieds, parfois la tête, et les mains ne servent qu’àanparé (à bloquer, à se protéger). L’historien Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza, ancien champion de France de boxe française qui a œuvré à la reconnaissance du moring, expliquent :
La bourrante, simple ou double, qui est un coup de pied chassé porté de face avec le talon sur une trajectoire rectiligne, le « talon zirondelle », le « talon malgas », le « kou de pied sizo », le « kas kou san tous », le « coup de tête cinq mètres » étaient connus de tous les moringueurs. Toutes ces techniques étaient apprises sur le terrain par les pratiquants de moring qui conservaient jalousement leurs secrets et ne les transmettaient qu’aux initiés. [Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza]
Imaginons une séance de moring : nous sommes samedi soir, et il y a là autant de femmes que d’hommes pour observer le combat. Tous sont ouvriers ou colons. Un shinoia prêté l’arrière-cour de sa boutik. Tant que l’un des deux adversaires n’aura pas touché le sol ou reçu un violent coup, le combat continuera. Le perdant devra quitter le cercle, mais le vainqueur, lui, restera jusqu’à épuisement, rencontrant jusqu’à trois adversaires à la suite… voire davantage.

La batay kréol : du moraingy au moring
L’histoire du moring, aussi dit batay kréol, est en lien avec l’histoire du peuplement de La Réunion. Arrivé entre le 17e et le 18e siècle avec les esclaves africains débarqués des navires négriers, il trouve ses origines, pour la forme anciennement pratiquée dans l’île, essentiellement à Madagascar. Le mot réunionnais « moring », d’après les historiens, viendrait du terme malgache « moraingy ». Il s’agit, pour cette forme malgache, d’une lutte rythmée et codifiée entre deux combattants et pouvant, selon les régions de la Grande Île, se décliner selon différentes modalités :
Sur les plateaux du centre, seuls les pieds et les jambes peuvent intervenir pour déséquilibrer l’adversaire […], c’est le daka ou diamanga […] ; le tolona se pratique plutôt dans l’est du pays, c’est une sorte de lutte par empoignade et immobilisation au sol ; quant au ringa que l’on rencontre plutôt dans le sud malgache, c’est [une] lutte souvent sans merci qui se termine lorsque la tête de l’adversaire est plantée au sol.[André Jean Benoit]
Il existe, ailleurs dans l’Océan Indien comme dans le monde, d’autres variantes de ce type de combat : le murengué à Mayotte, le nkodézaitsoma dans la Grande Comore, ledanmyé à la Martinique, la capoeira au Brésil, etc. L’ensemble de ces pratiques que l’on retrouve tant en Amérique du Sud que dans les Antilles ou les Mascareignes, est en lien avec l’histoire de la traite et de l’esclavage. Car, d’une côte à l’autre de l’Afrique étaient pratiquées, de manières rituelles et ancestrales, des luttes opposant le plus souvent des hommes. Ainsi, et pour exemple, la capoeira telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée en Amérique du sud, dériverait probablement d’une « danse du zèbre », le n’golo, originaire de l’Angola. À partir du 17e siècle, à partir des grands mouvements de traite atlantique et india-océane, les hommes et les femmes d’Afrique et de Madagascar déportés vers les lieux de l’esclavage ont transporté avec eux des rites, des savoir-faire et des pratiques. Parmi ces rites et ces pratiques figurait cet art guerrier qui, au fil des voyages et des échanges, s’est transformé, s’adaptant à chaque fois aux nouveaux lieux et aux nouveaux rythmes de vie. C’est donc ainsi qu’est probablement né le moring de La Réunion. Il n’est pas la copie d’un art martial et dansé qui se pratiquait sur les plateaux de l’Afrique ou de Madagascar, car il s’est transformé, modulé et adapté aux conditions de vie dans l’île. Chacun, qu’il soit originaire du Mozambique ou encore de l’Est ou du Nord malgache, a apporté sa touche, et a ainsi contribué à modifier sa propre pratique tout en l’enrichissant d’autres codes. Philippe Bourjon, étudiant de l’Université de La Réunion à la fin des années 1980, avait travaillé sur le sujet et avait émis l’hypothèse que certains ronds de moring s’étaient ouverts aux matelots de la marine française pratiquant la boxe française et la savate. Ce qui, selon lui, expliquerait la similitude de certains types de coups. Le moring est donc un produit de la créolisation : en fonction de ceux qui le pratiquaient, en fonction des lieux où il se pratiquait dans l’île (dans les quartiers d’esclaves, dans les kalbanon des engagés et des ouvriers d’usine, dans les camps de marrons, etc.), mais encore en fonction des instruments de musique qui étaient disponibles dans ces lieux (fèr blan, roulèr, bobre, etc.), il s’est continuellement transformé, ne se figeant pas.
Les origines du moring sont donc diverses : principalement venu d’Afrique et de Madagascar, il s’est agrémenté de techniques européennes (savate et boxe française), jusqu’à s’enrichir aujourd’hui de nouveaux apports. Ainsi, le moring qui est pratiqué aujourd’hui dans l’île n’est plus le moring qui se pratiquait au début du 20e siècle, pas plus que ce dernier n’était le même que celui du 19e siècle. Au fil des années et des générations, le moring a constamment évolué, faisant bouger ses codes et sa pratique. Il existe aujourd’hui à La Réunion un comité officiel et des tournois de moring. La batay kréol est donc désormais un sport officiellement reconnu, qui s’apprend et se pratique dans des écoles. Comment et pourquoi se sont opérés ces changements ? Quel était lemoring de nos gramoun ? Comment jouaient-ils ? Où ? Dans quel contexte et quelles conditions ?

La marginalisation
C’est en 1992 que paraît le premier ouvrage portant sur la pratique du moring à La Réunion. Il s’intitule : Le Moring, Art guerrier. Ses auteurs – tous deux Réunionnais – Sudel Fuma (historien et chercheur à l’Université de La Réunion) et Jean-René Dreinaza (ancien champion de France de boxe française), écrivent alors en ouverture de leur livre :
Patrimoine culturel de l’île de La Réunion, le Moring, art de combat autrefois pratiqué, fait partie des traditions réunionnaises malmenées par l’histoire coloniale et par les Réunionnais du 20e siècle. Pourtant, ce legs de nos ancêtres qui associe rythme musical, expression corporelle et pratiques magiques au même titre que certains arts martiaux asiatiques, est d’une richesse culturelle incomparable. [Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza]
Plusieurs éléments présentés ici sont à noter : oui, le moring fait partie du patrimoine culturel de l’île ; oui, il a été malmené par l’histoire et les Réunionnais eux-mêmes ; et enfin, oui, il est d’une richesse culturelle exceptionnelle, malheureusement oubliée et laissée de côté durant de nombreuses années. Selon d’autres recherches menées par Jean Poirier, Hubert Gerbeau et Sudel Fuma, c’est autour des années 1940-1950 que la pratique du moring aurait disparu à La Réunion. Présente auparavant dans la littérature, des relations de voyage ou la presse écrite, à partir des années 1940, ses traces se font de plus en plus rares. Alors qu’à la fin du 19e siècle certaines relations présentées dans Le Petit Journal de l’Île de La Réunion en parlaient, alors qu’au début du 20e siècle Marius et Ary Leblond, dans Ulysse, Cafre, en faisaient l’éloge, au fil des ans, les traces de sa présence dans l’imaginaire et les discours réunionnais s’estompent.
À compter de la Départementalisation de 1946, l’île change de statut et devient un Département d’Outre-Mer. C’est l’annonce de changements juridique, économique et culturel. A compter de cette date, le lien à la France est repensé : les Réunionnais son invités à calquer leur mode de vie, leurs habitudes et leurs pratiques, sur ceux de ce qu’on se met à appeler une « Métropole ». L’ensemble des infrastructures, des routes aux écoles, en passant par les hôpitaux ou les habitats, devront s’adapter aux canons du continent. Et il en sera de même pour la culture. Le moring, dont la pratique sociale et les rythmes musicaux se rapprochent du maloya, est frappé du même sceau de déni, de marginalisation, de folklorisation et d’ « interdiction ». Il n’est certes pas officiellement interdit mais, lentement, il disparaît de l’espace public pour laisser place à d’autres pratiques corporelles, celles-là codifiées, enseignées et pratiquées dans des cadres plus réglementés : la boxe, le football, le rugby, etc., dans les écoles, dans des clubs sportifs, etc.
C’est donc dans ce contexte d’assimilation culturelle, d’affirmation d’un lien fort et exclusif avec l’Europe, que disparaît le moring ; ou tout du moins, que l’intérêt pour sa pratique s’essouffle. Durant ces années, quelques jeunes continuent à le pratiquer, mais ils sont rares, et surtout, ils sont confinés dans des « quartiers » en marge des villes : dans les hauts de Sainte-Suzanne ou de Sainte-Anne, à La Mare à Sainte-Marie, au lieu-dit la Butte Citronnelle ou au Cœur Saignant au Port, au Barrage à la Saline, du côté de Ravine Blanche ou de la Ligne Paradis à Saint-Pierre, à Trois-Mares au Tampon, etc. Tous ces lieux ont en commun d’être soit des anciens « quartiers d’esclaves », soit des tabisman, soit des bitasion, villages d’engagés et de travailleurs de la terre aux abords des usines ou des plantations. Car, avant l’abolition de l’esclavage (de 1848), lemoring était l’une des principales « activités de loisirs » des esclaves, intervenant comme une respiration dans le quotidien. Il se jouait les samedis et les dimanches, les jours de fête ou de marché. À la suite de l’abolition, ses principaux pratiquants, descendants d’Africains, de Malgaches, de Comoriens ou encore d’engagés indiens, continuèrent à perpétuer sa pratique en s’y adonnant ces mêmes jours de fête, et notamment à l’occasion de la fèt kaf, le 20 décembre (fête de l’abolition de l’esclavage dans l’île) :
À Saint-Denis, chef-lieu de l’Île, d’anciens esclaves bâtissent leurs cases dans les lieux-dits « Les Lataniers », « Camp Ozoux », « Camp Calixte », « Patate à Durand », « Le Butor ». On retrouve le même phénomène dans les campagnes où les Noirs construisent leurs paillotes sur le pourtour des grandes plantations ou au bord des ravines, exploitant, comme les Petits-Blancs, des lopins de terre exigus […]. Cette analogie de conditions de vie permettra au moring de se faire connaître et même d’être pratiqué par certains Créoles de couleur ou Petits Blancs. Cette catégorie de pratiquants reste limitée par rapport à celle des descendants afro-malgaches de la Colonie. Le nouvel ordre social issu de l’abolition de l’esclavage avait donc contribué à la propagation du moring dans d’autres couches de la société coloniale. Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, les combats de moring resteront ainsi la principale activité de loisirs du petit peuple créole de La Réunion. [Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza]
Aujourd’hui, les plus anciens pratiquants des années 1940 et 1950, héritiers des connaissances des pionniers du moring, sont devenus des gramoun. Ceux qui sont encore vivants sont nés entre 1920 et 1930, et portent une mémoire méconnue et encore peu collectée : celle de la poussière des ron, du bruit des baguettes sur le fèr blan, des cris de provocation des gayar zène zan…

Moring zordi, moring lontan
Si le moring est aujourd’hui considéré comme un sport, il ne l’a pas été avant la fin des années 1980 et la création officielle d’un « Comité réunionnais de moringue » en 1994. D’après les témoignages des anciens, le moring tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est très différent de celui qu’il était au tournant des années 1940-1950. Mais pour comprendre ce changement et les différences profondes qui fondent un moring contemporain dit « codifié » d’un moring lontan dit « traditionnel », il faut faire un détour par les initiatives prises ces dernières années par de nombreuses associations, et notamment par celle de l’ancien champion du monde de boxe française, Jean-René Dreinaza. 
À partir de 1989 et d’un premier voyage fait à Madagascar sur les traces dumoring, des clubs se créent dans l’île. Deux d’abord, pour ensuite s’élargir à un plus grand nombre, non seulement à La Réunion mais encore en France continentale (en 2008, il a été recensé plus de 250 licenciés répartis en une vingtaine d’écoles : les associations Kaiasse, Odas, Moring do fé, Volkan Kréol, à Sainte-Suzanne, Saint-François, etc., mais encore à Marignane et Gignac, etc.). Mais c’est en 1994 qu’a lieu le changement le plus significatif : dans le cadre d’une exposition inédite sur le moring montée au Musée de Villèle, se mettent en place des échanges entre des jeunes et des pratiquants. En sus, cette même année, se crée le Comité réunionnais qui conduit en 1995 à une demande de reconnaissance de la discipline par les pouvoirs publics. La demande aboutit l’année suivante et, le 13 septembre 1996, le Ministère de la Jeunesse et des Sports reconnaît officiellement lemoring comme discipline sportive à part entière. En 1997, les premiers diplômés de cemoring « sportivisé » font leur apparition, et en 2000 a lieu le premier tournoi de l’Océan Indien. Ainsi, pour que le moring revienne sur le devant de la scène réunionnaise et qu’il puisse être enseigné dans des écoles, il a fallu de nombreuses années de revendications et de démarches tant administratives que promotionnelles. Mais ce retour sur le devant de la scène s’est fait au prix de transformations de la pratique elle-même.
Le moring du Comité qui est aujourd’hui enseigné dans les écoles est un moring codifié, comprenant des règles strictes, une tenue vestimentaire précise (pantalon blanc et cordon à la ceinture), et des types de touches ainsi que des acrobaties qui le rapprochent indéniablement de la capoeira (Brésil). À la suite des nombreux échanges qu’il y a eu entre les moringèr réunionnais et, entre autres, les capoeiristes brésiliens, que ce soit à La Réunion, en Europe ou en Amérique latine, le moring a changé sa forme et bouleversé ses codes. Il existe aujourd’hui de nombreuses acrobaties qui ne figuraient pas dans le répertoire des anciens pratiquants réunionnais. Et nombreux sont les gramoun à affirmer qu’ils ne se reconnaissent pas dans cette nouvelle manière de jouer : « nou té fé pa la zimnastik, nou ! » s’exclament certains d’entre eux. (2)
Il y a donc d’un côté exprimé par les gramoun le souhait de conserver une pratique telle qu’elle était (ou telle qu’elle était supposée être) ; et inversement, est exprimée par des jeunes réunionnais la difficulté de la transmission… Le moring, comme tout objet de la créolisation, évolue selon le principe de la perte et du don : une partie du patrimoine se perd, au profit d’une autre qui, comme une greffe, vient enrichir la souche originelle.
Lors de nos propres entretiens chez les gramoun qui ont pratiqué dans leur zène tan lemoring, nous avons parfois été confrontés à des silences : tous n’osent pas toujours avouer qu’ils ont zoué moring, et parfois même, leur épouse et leurs enfants ignorent qu’ils l’ont pratiqué autrefois ! C’est que le moring a son histoire et ses lieux d’histoire : les tabisman et les bitasion, les abords des usines et des champs, à la fin d’une longue semaine de durs labeurs. Assimilé parfois à une culture kaniar – c’est avant tout un art martial, donc un combat – le moring a encore souffert durant de nombreuses années d’une mauvaise réputation. Pour certains détracteurs de la pratique, il ne s’agissait pas que d’honneur ou de gloire, mais aussi de sang, de rak… Pourtant, aux dires desgramoun, s’il y avait effectivement des coups portés (contrairement au moringcontemporain qui se joue sans touches), s’il y avait une ferveur palpable dans les ron, il n’y avait pas pour autant de violences liées à des rancoeurs ou des règlements de compte :
Nul n’entre dans le rond « colèr », ou saoûl […]. Le combat de moringur […] ne devait pas être le lieu de règlements de comptes pour motifs privés. Les uns et les autres se rencontraient pour le jeu et la gloire, et il arrivait souvent que des moringueurs fameux dans leur canton fassent 80 km à pieds pour rencontrer à l’autre bout de l’île un combattant dont ils avaient entendu dire qu’il était très fort. [Philippe Bourjon]
Certains moringèr ont laissé une trace inoubliable dans l’esprit des pratiquants, et leur nom résonne encore dans la bouche des anciens comme des légendes : Loran lo Diab, Lamar Kafé, Koko Lanfèr, Anri la Flèsh, Kadine, Shouflèr, etc. Entrer dans le ron, c’était avant tout pénétrer dans un espace « sacré »… On ne s’y battait pas, mais on « jouait » : « toutes les informations s’accordent pour dire, écrit Philippe Bourjon, que le moringue est un jeu : “battre moringue” semble faire directement allusion au houleur [ou au fèr blan], alors que l’expression consacrée pour le combat est “zoué moring” ».
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Ta-kata-katak ! Lorsque les baguettes s’arrêtent, le combat se termine. Les plus abîmés des combattants se retirent, soutenus par leurs dalon. La foule, elle, se disperse, mais non sans avoir échangé les dates et lieux des prochains ron : le moring n’est pas qu’une pratique martiale, dansée et rythmée, c’est aussi une pratique sociale. Les jours demoring, on parcourt de longues distances à pied pour jouer ou tout simplement pour observer. Et autour des ron, avant et après les combats, on prend le temps de discuter, d’échanger, de s’informer de la vie d’untel, dans tel ou tel quartier. On ne se ferme pas, mais on s’ouvre. Et l’on s’ouvre encore à ceux, plus jeunes, qui désirent apprendre. On leur apprend les types de frappe, leurs noms, leurs manières de se donner, le moment opportun pour les porter, mais aussi les règles et codes à respecter, les manières de battre le rythme, de le casser pour annoncer le début du combat… Quels sont les noms des grands moringèr ? Où se trouvent les ron les plus prisés ? Quel gramoun peut enseigner telle touche ? Autant de questions dont les réponses ne se transmettent que par voie orale. Si le moring a survécu aujourd’hui, s’enrichissant selon ce principe de créolisation d’autres apports (des Comores, du Brésil ou d’ailleurs), c’est parce qu’il y a eu des hommes – et des femmes – pour le raconter, le dire et l’enseigner. En somme, pour faire don de leur mémoire, de leurs pratiques, savoirs et savoir-faire.
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(1) Ce texte n’aurait pu être rédigé sans les aides précieuses de Stéphane Boquet (ESC MCUR) et de Jean-Claude Calimoutou (association Kaïasse).
(2) Propos filmés et recueillis par Jean-Claude Calimoutou auprès de Maxime Narsama, Bachelier Siampirave et Madame Imare (archives de l’association Kaïasse).

Bibliographie
André Jean Benoit, Le Moringue, Son histoire à travers la presse et les textes anciens, Saint-Gilles-les-Hauts (Villèle), CURAPS / Université de La Réunion, 1994.
Philippe Bourjon, « Et pour quelques symptômes de plus », in Christian Ghasarian et Jena-Pierre Cambefort, Roles et enjeux, Approches d’Anthropologie Généralisée, Saint-Denis, Université de La Réunion, 1988, pp. 57-90.
Yvan Combeau, Une décolonisation française, L’île de La Réunion 1942-1946, La Réunion (Saint-André), Océan, 2006.
Jean-René Dreinaza, Techniques et apprentissage du moring réunionnais, La Réunion, Comité Réunionnais de Moring, 2000.
Sudel Fuma et Jean-René Dreinaza, Le Moring Art guerrier. Ses origines afro-malgaches, sa pratique à La Réunion, Saint-Denis, Université de La Réunion / Océans éditions, 1992.
Aurélie Lallement, Le « moringue » à travers son aspect identitaire, Mémoire de Maîtrise (Ethnologie), sous la direction de Yu-Sion Live, Université de La Réunion, 1999.
Marius-Ary Leblond, Ulysse, Cafre ou l’histoire dorée d’un Noir, Paris, éd. de France, 1924.

KALI ARNIS ESKRIMA
UNE ECOLE DE KALI ARNIS ESKRIMA DONT LA RENOMMEE A DEPUIS LONGTEMPS FRANCHI NOS FRONTIERES

 

1)2004 à 2016, de la découverte d’un art martial philippin, le Kali Arnis Eskrima et des Phillippines à la consolidation de liens culturels et politiques

 

En 2004, nous étions aux balbutiements de notre apprentissage du Kali arnis eskrima. Cela ne faisait que quelques mois que nos adhérents, Jean Claude CALIMOUTOU en tête ainsi que 5 autres combattants, s’adonnaient à cet art martial Philippin.
Si Jean Claude s’était illustré aux championnats d’Angleterre à Londres en 2003, terminant 3ème en simple et double bâton, d’un plateau extraordinairement relevé, personne n’avait encore disputé de tournoi majeur dans ce sport.

Au départ, invités par la France et son représentant Guro Thomas RUSSEL, alors champion du Monde lors des championnats 2002 en Angleterre, nous devions être membres de l’équipe de France. C’est une chose qu’avaient du mal à admettre Supreme Grand Master Diony CANETE et les membres de la WEKAF (World Kali Arnis Eskrima Federation), la Fédération Mondiale de Kali Arnis : « vous êtes la République Démocratique de la REUNION, vous représenterez REUNION ISLAND REPUBLIC. » c’est ainsi qu’est née l’équipe Réunionnaise de KALI en 2004.

Nous retiendrons que Jean Claude CALIMOUTOU monta sur la 3ème marche du podium et que son combat est encore dans toutes les têtes pour avoir été « l’un des plus violents et agressifs que nous ayons pu voir jusqu’à ce jour », dixit SGM Diony CANETE. La Légende était en route.

2008, le temps des premières moissons

Cette route nous a ramenés tout naturellement sur les terres philippines en 2008 pour, contre toute attente, l’une des plus grosses sensations de ce championnat du Monde WEKAF, organisé à Ayala, CEBU CITY.
REUNION ISLAND REPUBLIC (SIC) peut s’enorgueillir d’un palmarès révélateur à l’issue d’un rassemblement mondial de plus de 700 combattants issus des USA, Grande Bretagne, Italie, Allemagne, Canada, Norvège, Australie, Nouvelle Zélande, Inde, Afrique du Sud, ... tous unis derrière leur bannière et prêts à en découdre.

Nos combats furent acharnés, techniques, physiques et fortement appréciés par tous qui n’ont eu de cesse de nous encourager massivement. Avec un groupe de 6 combattants, nous glanons 7 médailles :
Jean Claude CALIMOUTOU : double champion du Monde en simple et double bâton
Guillaume CHAFFANGEON : vice-champion du Monde en simple bâton

Clément DIEMUNSCH : Vice-champion du Monde en double bâton Frédéric MOUNOUSSAMY : Médaille de bronze
Ludovic MOURGAYA (15 ans) : médaille de bronze
Alex GAUDENS : médaille de bronze

Forts de ces bons résultats, Sir Diony CANETE a voulu accélérer notre processus de structuration et a délivré à notre association une accréditation l’autorisant à utiliser le titre de « doce pares school » .

2012, Didier ROBERT, Nassimah DINDAR et Maurice GIRONCEL, invités d’honneur des 12èmes championnats du monde WEKAF à CEBU : LA REUNION DEVIENT LA 3ème NATION MONDIALE DU KALI

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A chacun de nos voyages aux Philippines : formation de nos cadres par les grands maîtres Philippins

Que de chemin parcouru depuis 2004. A chacun de nos périples sur les Terres Philippines, notre association en profite pour s’aguerrir auprès des plus grands Maîtres de la Discipline: Inting CARIN, Cacoy CANETE, Nicomedes ELIZAR et bien sûr le DOCE PARES HEADQUARTERS Dionision CANETE’s gym.

Notre Head Instructor, Jean Claude CALIMOUTOU s’en est trouvé encore plus conforté dans sa maîtrise de l’art ainsi que tous ceux qui nous ont suivis.

Il est maintenant le 1er Master de kali de France, sous l’égide de DOCE PARES INTL. Il est également Master en BALINTAWAK ESKRIMA depuis le 04 août 2016.

Ce travail de fond a aussi permis des résultats grandioses lors des championnats du monde Doce Pares qui se sont déroulés aux Philippines en 2013 et pour lesquels nous sommes partis avec une délégation forte de 23 personnes.

En 2016, nous participions aux championnats du Monde WEKAF de Kali arnis eskrima et c’est une délégation de près de 40 membres qui a porté haut les couleurs de Reunion Island.

VALORISER NOTRE CULTURE

Rendre Hommage à nos ancêtres

 

Hommage aux Marrons et initiatives populaires avec la Commune de SAINTE SUZANNE

 

 

Aucune facette de notre Histoire n’est oubliée en ce jour de commémoration du 20 décembre auquel KAIASSE participe chaque année depuis 1994. L’OMS organise son traditionnel relais des marrons et les associations de quartier, soutenues par la municipalité, permettent à tout un peuple  de « libérer la joie dans leurs cœurs » en pensant à tous nos ancêtres qui, un certain 20 décembre 1848, sortaient du joug de ce crime contre l’Humanité.

 

 

De cette course, désormais mythique, organisée par l’OMS et qui  rassemble, chaque année près de 500 personnes, soit 350 relayeurs, 80 signaleurs, 20 membres du staff technique, les équipes masculine et féminine  de Vacoas Phénix, « nos jumeaux mauriciens », et celle de notre jumeau Malgache de Moramanga, la Maire de Sainte Suzanne veut mettre en exergue divers messages.

 

En classant les cirques, les pitons, les remparts au patrimoine mondial de l’Humanité, l’UNESCO grave à tout jamais les Marrons dans le patrimoine du Monde

 

Maurice GIRONCEL, le Maire de la commune, aime à se recueillir devant la stèle d’Edmond ALBIUS, là où le relais des Marrons s’achève. Cette stèle fut érigée en 1981 par Lucet LANGENIER, à Bellevue, quartier qui a vu naître ce grand Homme Réunionnais, Edmond ALBIUS, qui découvrit, au nez et à la barbe des plus grands botanistes du monde entier, le procédé de fécondation de la vanille. Maurice GIRONCEL tient à rappeler tout d’abord le combat qu’a mené un autre grand Homme Réunionnais, Lucet LANGENIER, Maire de la commune de SAINTE SUZANNE de 1980 à 1993, pour que notre population s’approprie son Histoire et en soit fier, combat qu’il perpétue depuis cette date.

C’est bien Lucet LANGENIER qui fut à l’initiative de faire revivre, l’espace de cette journée de commémoration, la mémoire de ceux qui se sont dits un jour « Assez, assez Frères, assez d’être asservis », ceux que l’Histoire retiendra comme les Marrons, ceux qui ont brisé leurs chaînes et pris le chemin de l’exil.

 

Citant Louis Timagène HOUAT[1], extrait de son livre « Les Marrons » de 1844 : « Ah frères, on n’est pas seulement le bœuf qui traine la charrette… Malgré tout, il  vous reste encore, quoique esclave, un sentiment, un instinct d’homme… et cet instinct s’est réveillé chez moi avec un redoublement de cris que je ne puis rendre mais que chaque coup de la lutte n’a fait qu’augmenter… et voilà qu’au lieu de m’être assoupli, dompté, je suis devenu un véritable caïman », Le Maire de SAINTE SUZANNE, Maurice GIRONCEL rappelle combien « Ces hommes et ces femmes, qui ont conquis le cœur de notre île, la partie la plus inhospitalière de l’époque pour en faire leurs lieux de survie et échapper ainsi à l’asservissement, doivent rester à tout jamais gravés dans le cœur de tous les Réunionnais pour l’Héritage et les valeurs morales qu’ils nous laissent».

 

Les hauts lieux du marronnage que sont les cirques, les pitons et les remparts : Mafate, Cilaos, Salazie, Ilet Marron, Ilet du commandeur, Piton d’Anchaing, Crête de la Marianne, Piton Rouge, Dimitile, Cimendef, Plaines des cafres, les cavernes et les grottes et à Sainte Suzanne, Decotte et bien d’autres sites encore, sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO tout comme le maloya, grâce au Parti Communiste Réunionnais.

 

Leur lieu de vie, leur musique est aujourd’hui au panthéon des merveilles que le Monde doit préserver pour les générations à venir et nous, peuple Réunionnais, devons tout faire pour nous en montrer dignes.

 

Pouvait-on rêver meilleure consécration et plus grand motif de fierté?

 

De grandes initiatives populaires tout au long de l’année pour faire vivre la Mémoire de nos ancêtres

 

 

Chaque année, le peuple de SAINTE SUZANNE, ville attachée à son Identité s’il en est, se donne rendez-vous pour commémorer ensemble l’Abolition de l’esclavage. « Le pouvoir colonial ne pouvait plus faire autrement et c’est à nous de rétablir cette vérité : la Liberté n’a pas été octroyée aux 62 000 personnes esclaves en 1848, ils l’ont conquise. »

 

« A Sainte Suzanne, nous avons inscrit à notre calendrier culturel 3 manifestations qui rendent hommage à nos ancêtres et à tout ce qu’ils ont subi dans leurs chairs. Le 10 mai, nous célébrons les «Mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions» ,devant la stèle d’Edmond ALBIUS, rappelant, selon les termes de la Loi TAUBIRA que «La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du 15e siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité »

Cette année encore, le 31 octobre, veille de la Toussaint, Sainte Suzanne, a rendu un vibrant et émouvant Hommage « à la vie et au courage de ces milliers d’enfants, de femmes et d’hommes, arrachés à leur Terre natale pour être mis en esclavage sur cette île. Réduits à l’état de « biens meubles » par le code noir, le pouvoir colonial les a privés de sépulture et a effacé toute trace de leur présence. » Cette inscription est présente sur la stèle inaugurée ce jour-là par M. Le maire et se termine par « qu’ils reposent tous en Paix ».

 

Cé kom sa ke nout listwar, jamé li va mor

 

« cé sa ke mi veu vwar toultan : no zansyin i transmet, no zenfan i reswa. Domin sora zot tour pou transmet. Cé kom sa ke nout listwar, jamé li va mor ».

 

[1] Écrivain né à Saint Denis en 1809, qui fut expulsé de la Réunion en 1838 pour son engagement en faveur de l’abolition de l’esclavage.

DOCE PARES

DOCE PARES, OUR FAMILY

Since 2004, Sir Diony CANETE gave us the right to promote KAIASSE DOCE PARES throughout our Country and Indian Ocean. 

We did it. 

Since then, we took part to all the doce pares world championships, 2011, 2013, bringing each time more and more fighters and winning more and more Golds.

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Origines de l'Arnis Kali Eskrima

Il existe de nombreuses raisons pour expliquer l'efficacité des arts du combat philippins: Historiques et culturelles. Situées au beau milieu d'une zone très active de commerce (Chine, Vietnam, Malaisie, Indonésie et Japon) les différentes sociétés des Philippines ont intégré au fil des siècles certains aspects des arts guerriers de leurs voisins. Des guerres tribales très fréquentes ont permis de conserver cet art de la survie à un niveau très haut.
Les philippins ont de tout temps eu besoin de se défendre contre la fréquence des attaques provenant à la fois de leurs voisins mais aussi des différentes puissances coloniales, que ce soit les Portugais, les Hollandais, les Espagnols, les Japonais ou les Américains.
Marins intrépides, les Philippins (notamment les Luzones) ont de tout temps cherché fortune de part le monde et nombreux sont les équipages philippins qui prirent part à des batailles maritimes pour le compte de Sultans Malais ou le roi de Siam. De plus, l'archipel possède une longue tradition de piraterie, notamment dans les îles du sud. 


Avec plus de 7000 îles, des influences historiques très diverses et différentes selon les régions, de nombreux dialectes et des cultures parfois très éloignées, on peut néanmoins vérifier de nombreux points communs en ce qui concerne l'art du combat.
Histoire de l'Arnis Kali Eskrima 
Jusqu'au premier millénaire, les techniques de combat sont un art tribal ouvert à tous, proche des arts du combat polynésien. Le début du second millénaire voit le développement de sociétés plus hiérarchisées, un renforcement des échanges commerciaux avec les voisins asiatiques. 
La naissance d'une caste de guerriers entraîne la sophistication des techniques de combat. La plupart des groupes ethniques partagent une culture de la guerre très forte avec ses pratiques de chasseurs de tête et des guerres tribales de conquête ou de prestige. L’épisode de la bataille de Mactan ; les Européens font le constat amer de l’efficacité des guerriers des Philippines. L’armée de Ferdinand Magelan est détruite dans sa presque totalité, et Magelan lui-même est décapité par le chef de guerre Lapu-Lapu. 


Avec le début de la période hispanique (1493), la caste des guerriers disparaît et l'Arnis de Mano est enseigné secrètement non plus comme un art de la guerre mais comme un art du combat individuel. A partir de ce moment, c'est à l'intérieur des clans et des familles que l'art du combat va se propager. Il devient un art que l'on ne partage pas et que l'on enseigne à petite gouttes.
La colonisation américaine, les guerres d’indépendance, les révoltes paysannes, l'occupation japonaise mais aussi 30 ans d’une dictature féroce jusqu’en 1986, continuent à forger cet art du combat. La tradition des clans se propage dans la forme moderne des gangs urbains, aussi bien aux USA qu’à Manila. Les gangs ne sont pas associés à la mafia mais à la protection du quartier dans une société ou la police ne peut garantir la sécurité par elle-seule. Jusqu'à une période récente, la pratique de chasseur de tête reste très vivante dans les montagnes et les jungles des Philippines et les guerres tribales restent d'actualité dans certaines provinces reculées. 
C’est dans les communautés immigrées aux USA que l’Arnis va prendre son développement, notamment grâce à des américains d’origine philippine tel que Dan Innosanto. Jusqu’aux années 70, l’Arnis est considéré comme un « Arte bandido » réservé soit aux combattants d’arène, soit à la police, soit aux bandits. Avec le développement des sports de combat, une nouvelle ère voit le jour, sans pourtant faire disparaître les formes anciennes dans une culture où le combat reste une valeur sociale et l'art martial un enjeu d'identité sociale mais aussi un symbole de rassemblement national. 
Caractéristiques : 
Les arts martiaux philippins connus sous les termes Kali, Arnis ou Eskrima sont vieux de plus d’une centaine d’années mais toujours d’actualité. Ils sont des systèmes de combat complets, à toutes distances.
Appréciés plus spécialement pour leurs techniques très sophistiquées d'armes tels que le bâton ou le couteau, ils sont aussi de redoutables systèmes de combat à mains nues et de défense contre les armes blanches.
Une des spécificités de ces disciplines est de débuter l’apprentissage par les armes contrairement à la plupart des arts martiaux. Les techniques et les principes doivent pouvoir être appliqués au combat à mains nues en gardant les mêmes formes de corps. 
Hormis leur efficacité, l’autre particularité des Arts Martiaux Philippins est la recherche de la fluidité, de la sensation et de la précision par des mouvements coulés , rythmés et en flots ce qui développe l’adaptabilité au combat, la rapidité d’exécution, le coup d’œil et la coordination motrice
Il existe des formes sportives mais c’est le côté martial qui prime.


Le Doce Pares a été fondé le 11 janvier 1932 par un petit groupe de maîtres d’eskrima emmené par Eulogio Canete, lorenzo Saavadra et Teodoro Saavedra. 12 d’entre eux l’ont conceptualisé mais très rapidement après son inauguration le 21 janvier de la même année, le nombre des membres passa à 24. Eulogio Canete et Teodoro Saavedra furent élus respectivement président et vice-président. 
Le nom de Doce Pares fut adopté en référence aux fameux 12 gardes du corps de l’empereur Charlemagne de France (768-814 après Jésus Christ). Ces 12 personnes, toutes experts à l’épée, furent connus pour avoir combattu et tué des centaines d’ennemis lors de batailles. Doce Pares, qui signifie 12 paires en espagnol, fut aussi donné en l’honneur des 12 personnes qui ont originellement contribué à l’organisation de ce système. Et lorsque le nombre des membres passa à 24, le nom prit toute sa signification.
C'est un assemblage de différents styles qui furent emmenés par les Maitres fondateurs en 1932 : 
*le style de la distance courte (corto) de Lorenzo et Teodoro Saavendra
* le style de la distance moyenne (medio) de Jesus Cui
*le style Espada y Daga et Corto Orihinal de Felimon Canete
*le style de la longue distance (largo) de Yoling Canete et Vincent Carin
Quelques années plus tard, le style Corto de Ciriaco Canete et le Pangamut de Maximo Canete fut intégré.

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Our Chief Instructor

MASTER JEAN CLAUDE CALIMOUTOU 

“Martial arts enhances you.  It reveals who you are and what you are. You can’t practice it in a high level without real inner values. If you are not aware of those values you will not learn because it speaks to your inner self.

 

That art touches the heart. Martial art is philosophy.”

 

JEAN CLAUDE CALIMOUTOU is among the founders of KAIASSE and the association’s chief instructor for all disciplines. When he founded the association in 1996, he was already a formidable martial artist, renowned for his expertise in French kickboxing, savate, and the art of moringue. It was in the year 2002 that he discovered the Filipino martial art of arnis, also known as eskrima and kali. He realized that he had finally found the truth he had been seeking. Ever since then, Jean Claude has dedicated himself to learning and practicing the art to its fullest.

 

In 2003, he was given a brown belt in Rapid Arnis by Master Pat O’Malley and finished 3rd place in a championship in London. The next year, he went with KAIASSE to Cebu to participate in the WEKAF world tournament. Jean Claude fell in love with the country and his drive to master the art intensified. Training long and hard over the years, his efforts were finally rewarded in 2008, when he became the WEKAF world champion in both the single stick and double stick categories.

 

His training continued under the tutelage of the Grand Masters of Cebu. In 2011, he was certified by the Academy of Eskrima in its Basic, Intermediate and Advanced courses under the TESDA-certified curriculum. He was elevated to the rank of Black Belt 3rd grade, becoming the first Frenchman to reach this level.

 

Jean Claude has gone far in his pursuit to perfect the art. Supreme Grand Master Diony Cañete himself has seen a future master in him, and he is on the course to become one. He may very well be the first Frenchman to attain the distinguished rank. 

 

In his pursuit of the truth within the art of eskrima, Jean Claude embodies the spirit of KAIASSE, continuously learning from the ways and cultures of his teachers, while passing on what he has been given to the next generation. It is through these principles that he guides KAIASSE as its chief instructor, strengthening the association and the bond its members share. This is one of the reasons for KAIASSE’s many successes, and why it continues to grow and spread throughout the years. 

 

Jean Claude is a true martial artist, practicing and perfecting a formidable repertoire of styles that include Multistyle Doce Pares, Nickelstick Balintawak Eskrima, the Inting Carin system, Rapid Arnis, and Ming Dao Quan kung fu/wushu, the latter of which he has attained the rank of Master.

 

Jean Claude would like to sincerely thank all the people who have taught him and given him the values he is now proud to cultivate, carry and share with the next generation.

 

“Instruction is what you are given. Knowledge is what you have in your heart. That is what you must share also.”

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